Et pour les personnes handicapées vieillissantes ?
Nos locataires vont avancer en âge…
« Et combien de temps pouvez-vous la ou le garder à la Maison Saint-Raphaël (MSR) ? », nous demande-t-on souvent. La plupart des locataires qui vont venir à l’ouverture de la MSR début 2025 sont des adultes jeunes. La Maison pourra les accueillir aussi longtemps qu’ils le souhaiteront, dans la limite des moyens qui sont les nôtres (nous ne sommes pas médicalisés). Dans une autre Maison de la FSJDV, Benoit est resté jusqu’à l’âge de 62 ans. Doyen des résidents, il a tenu le rôle du frère ainé dans la famille, et ce n’est que lorsque sa santé s’est détériorée qu’il a quitté les lieux pour une structure médicalisée.
… d’autres locataires peuvent arriver déjà plus âgés …
D’autres parcours de vie permettent à des familles de conserver chez eux leur parent handicapé jusqu’à un âge avancé. Je pense à Geoffroy 45 ans, ou Nicolas 46 ans : tous les deux regardent vers la Maison St Raphaël avec cette question de leurs proches : « pour l’instant, j’arrive à m’occuper de lui, mais si j’ai un problème de santé ou à mon départ, qui prendra la relève ? ». Et c’est parfois plus difficile encore pour les familles de voir partir ce parent qui a grandi enfant et vécu adulte chez ses parents pendant de nombreuses années.
… dans les deux cas, notre Maison s’adapte…
Nous voulons mettre tout en œuvre pour anticiper et appréhender les spécificités de ces situations :
- en vivant auprès d’eux les valeurs qui sont au cœur de la MSR, en particulier la compassion, mais aussi l’attention aux goûts ou aux besoins qui peuvent changer avec le temps ;
- par une formation spécifique de nos encadrants et animateurs (après la formation sur la « Vie affective et relationnelle », certains membres de notre équipe vont suivre celle sur « handicap et vieillissement » https://www.institutlejeune.org/former/les-formations-aux-professionnels/vieillissement-et-trisomie-21.html)
- en anticipant la configuration des lieux (la MSR propose dès aujourd’hui 2 studios PMR), et 2 autres de plain-pied ;
- avec un lien toujours fort avec les familles qui peuvent changer avec le temps (par exemple lorsque le référent familial vient à changer)
- et un lien avec l’environnement local, associatif et sanitaire : nous sommes en train de tisser les réseaux nécessaires à l’exercice de notre fonction dans le domaine du handicap mais aussi du grand âge)
… nous prenons en compte les spécificités liées à l’âge chez la personne handicapée…
Ce qui peut apparaitre comme des points de vigilance sur des petits changements est loin d’être anodin. Accompagner la personne handicapée vieillissante, c’est connaître et anticiper les particularités physiologiques, les handicaps surajoutés, les comorbidités ou pathologies spécifiques qui peuvent survenir avec l’âge (par exemple les maladies neurodégénératives).
Même si nous ne sommes pas médicalisés, c’est à notre équipe d’être attentive aux changements dans la vie relationnelle, les troubles du langage ou de la vue, de la déglutition, le risque de dénutrition, les incapacités fonctionnelles, autant d’exemples qui impactent l’autonomie ou accroissent les difficultés antérieures, comme cela se fait déjà tout naturellement dans les autres maisons de la Fondation Sainte Jeanne de Valois.
Charles qui souffre de déficience visuelle nous aidera à travailler dès l’ouverture de la MSR sur ce point. Sa présence pourrait favoriser l’arrivée de Geoffroy qui porte le même handicap.
Le vieillissement est parfois plus complexe et plus précoce chez la personne en situation de handicap. Il va s’accompagner souvent d’une évolution de la situation et des besoins de la personne.
… pour que dure le bien vivre dans notre Maison.
Ces anticipations et adaptations doivent permettre à nos résidents vieillissants de bénéficier le plus longtemps possible du cadre de la MSR, une maison où nous voulons qu’il fasse bon vivre … et qu’il fasse bon vieillir.